L’enherbement

Toutes nos vignes sont enherbées, au moins partiellement, à partir de la troisième année qui suit la plantation. L’automne est une période favorable au renouvellement ou à l’implantation des couverts herbeux. L’enherbement est mis en place depuis une dizaine d’années comme alternative aux herbicides et au travail du sol, méthode anciennement utilisée.

La principale crainte vis-à-vis de l’enherbement est la compétition induite pour l’eau et les éléments minéraux nutritifs. Les espèces végétales ont en effet aussi besoin de ces éléments pour leur croissance, leur survie et l’alimentation du raisin. La pluviométrie annuelle est de plus en plus faible. C’est en été que la compétition est la plus forte : les pluies sont rares et l’évaporation est forte (l’eau du sol mais aussi l’eau perdue par le feuillage, c’est l’évapotranspiration). Cela peut gêner le développement des baies et leur maturation.

La mise en place de semis impose impérativement la pose d’une protection pour éviter le passage des sangliers. Ils apprécient venir gratter dans les sols meubles pour trouver des vers très présents dans nos sols. En plus du temps nécessaire à la pose des clôtures électriques, cela nous impose une surveillance régulière du fonctionnement et de l’intégrité de celles-ci pendant 6 mois.

Avantages

Divers avantages contrebalancent ce problème majeur.

En l’absence d’un couvert végétal herbeux dense, ce sont les mauvaises herbes (pourpiers, amarantes, morelle etc…) qui prennent le dessus et sont souvent plus compétitrices, impactant plus fortement la vigueur des vignes et le rendement.

Un sol à nu est sensible à l’érosion. Les pluies estivales sont souvent fortes. L’herbe favorise l’infiltration rapide de l’eau et évite donc le ruissellement vers le bas des pentes qui emporterait des particules de terre. Elle prévient aussi la formation d’une croûte de battance, couche dure relativement imperméable à la surface du sol.

Le couvert végétal retourne au sol lors des fauches et l’enrichit en matière organique, favorisant la structure du sol et donc la rétention d’eau, aspect primordial de ces dernières années particulièrement sèches.

L’herbe assure une meilleure portance vis-à-vis des tracteurs et diminue le phénomène de tassement des sols.

Il abrite la présence plus grande diversité d’insectes et autres êtres vivants, souvent bénéficiaires, mais parfois aussi des parasites.

De plus, puisque l’espace en surface est occupé par les racines de l’herbe, la vigne redistribue son système racinaire plus en profondeur.

 

La gestion adaptée des couverts végétaux

Un compromis doit donc être trouvé pour chaque parcelle entre compétition et protection des sols. Au minimum un rang sur deux est enherbé. Le dessous du rang est souvent travaillé pour être conservé nu lors de la période estivale sèche. L’achat d’un intercep (outil de travail du sol de la vigne) en 2019 a permis d’arrêter le désherbage chimique.

Certains couverts végétaux nécessitent un renouvellement. En effet, selon le sol et l’historique des parcelles, certaines mauvaises herbes prennent le dessus vis-à-vis des espèces semées. Ces plantes sont souvent hautes et très concurrentielles et prennent trop d’importance après quelques années.

C’est à l’automne, juste après les vendanges, que les semis sont effectués. Les pluies, régulières et abondantes, permettent la germination des semis et la croissance des plantules avant l’arrivée des gelées.

 

Engrais vert

Les espèces couvrant le sol peuvent être choisies judicieusement pour diminuer les inconvénients tout en fournissant des services. On parle alors d’engrais verts. Ceux-ci constituent une deuxième culture et doivent être gérés comme tels.

Le choix des espèces sera fait suivant leur intérêt recherché : apport de matière organique ou d’azote, structuration du sol, attraction d’insectes prédateurs etc… Pour la première année d’utilisation d’engrais verts, deux espèces ont été choisies et semées le 21 octobre :

  • La féverole a été semée à la main, ses grosses graines ne passent pas dans le semoir. Elle fait partie de la famille des légumineuses et permet un apport important d’azote et de matière organique car sa croissance est forte, jusqu’à 1,4 m de hauteur. Elle sera détruite au printemps avant d’être trop compétitrice pour la vigne. L’utilisation d’un Rolofaca permet de casser les tiges et de conserver la plante entière qui reste sur le sol et le couvre comme un mulch pendant l’été. N’ayant pas encore ce matériel, nous procéderons probablement à sa fauche au printemps.
  • Le trèfle souterrain en mélange avec du pâturin des prés a été semé au semoir à gazon monté à l’arrière du tracteur. Ce mélange remplace le couvert herbeux permanent. Le trèfle est bas et sèche en été. Il est donc non compétitif pour l’eau sur cette période. Il apporte un peu d’azote lors de sa fauche. Il se ressème après sa floraison et perdure d’années en années. Le pâturin diminue le côté glissant que le trèfle aurait s’il était semé seul, sécurisant ainsi le passage des tracteurs.

D’autres espèces existent, elles devront progressivement être essayées et adaptées aux différents types de sols et aux conditions climatiques annuelles particulières. Leur utilisation en mélange est souvent une bonne option.